Sept. à Nov.

10 septembre
Pas d’ombre à ce silence diariste, juste une fainéantise de l’esprit.
Pour remonter le temps, la plus fraîche des nouvelles après les incertitudes professionnelles : au dramatique ralentissement de Forpro, qui ne m’aurait même plus permis de survivre, succède le foisonnement prometteur de Cqfd.

Eu ce matin Mme V. pour lui annoncer mon inévitable démission. La responsable pédagogique de Forpro semblait désolée, mais peu étonnée de ma décision, et même ravie pour moi. Je lui annonce que mes vendredis après-midi restent libres, ce qui pourrait me permettre de conserver quatre heures hebdomadaires d’intervention en culture générale auprès des BTS, la catégorie de public que je préférais dans cet organisme, et une façon de ne pas complètement couper les liens avec cet employeur. La série positive se poursuit avec l’appel d’Acadomia qui me propose le suivi particulier d’une jeune fille en deuxième année de BTS PME-PMI, et ce deux heures par semaine. La maman a demandé expressément à ce que je sois l’enseignant pour sa fille, suite aux recommandations de la famille B. dont la fille, Séverine, a obtenu son diplôme grâce à son travail et à mes coups de pouce réguliers. Cette demoiselle n’avait pas manqué de m’envoyer un texto le 5 juillet dernier commençant par « Alléluia ! j’ai eu mon BTS, merci beaucoup… ».
Ma BB a repris le chemin de la clinique ce matin (je l’attends en gribouillant…). Une belle harmonie… Voilà ma tendre…

Mercredi 15 septembre
Après ces semaines de silence, il me faut remonter un chouia le temps.
Mon passage éclair au château d’Au m’a permis de découvrir les divers aménagements de la propriété, et de partager un déjeuner alcoolisé avec Heïm. Moment affectif, mais sans plus pour l’impact émotionnel. Ses activités se diversifient et fonctionnent, paraît-il. Quelques allusions aux dettes du passé qu’il éponge encore, une révélation de ma part sur la vie sentimentale de Sally, et puis les mêmes rengaines...
Retour avec Karl à Paris dans sa neuve voiture : malheureusement, mon enivrement encore frais n’a pas supporté le mouvement automobile ; sans avoir eu le temps d’ouvrir ma fenêtre, le rendu vomitoire baptise la portière. L’odeur persistante, malgré le nettoyage scrupuleux, laisse présager qu’une partie de la matière puante s’est glissée dans la fente qui laisse passer la vitre… Voilà du terre-à-terre bien crade que je ne peux dissimuler.
Le temps de récupérer et un gentil week-end parisien sans entrevue amicale puisque toutes avaient déserté la capitale…
L’horreur quotidienne en Irak rend bien dérisoire nos petits tracas et nos faibles jouissances ici-bas. Tous ces groupes incontrôlables entretiennent le chaos grâce au sacrifice de centaines de civils. Hier, vu un téléfilm allemand qui retrace la trajectoire des membres de la cellule de Hambourg responsable des attentats du 11 septembre 2001 : quel absurde et intolérable détournement de la religion qui justifie les plus barbares agissements.
Avec tous ces foyers de violence mortifère, le siècle du terrorisme qui débute nous réserve encore bien des flots de sang et de larmes. Alors pourquoi développer une quelconque ambition dans ce monde abject, ni plus ni moins que celui des siècles passés, mais répugnant par sa stagnation dans l’horreur. Et dire que les méfaits sanglants sont commis par une extrême minorité d’individus (quelques dizaines de millions sur six milliards) : la saloperie qui gangrène le tout.
Hier, avec les auditeurs qui préparent le concours de lieutenant de sapeur pompier, je brossais, à la demande de l’un d’eux, les tenants et les aboutissants de la Guerre froide : bonheur intellectuel de le faire, mais nausée existentielle à l’évocation de cette géopolitique sans pitié.

Mardi 28 septembre

Rapide entretien avec Sally au tél. Après mes révélations enivrées à Heïm, elle a dû subir le flot ordurier du bonhomme par courriels vengeurs. Le style abrupt lui souhaitait « qu’elle crève au plus vite pour rejoindre son con de frère ». Voilà de l’affection dénaturée par le vitriol d’un « vieil alcoolique » (selon sa propre qualification).
Je devais, moi, révéler mon rôle d’informateur aviné dans cette affaire peu glorieuse. Sally n’a pas semblé m’en vouloir…

L’accaparement professionnel m’éloigne de ces relents d’un passé aux atours de plus en plus trompeurs.


Lundi 1er novembre, 23h
Ma BB au labeur pour sa période de nuit, et moi à la veille d’une reprise soutenue chez Cqfd. Le besoin d’écrire pour compenser cette absence, pour se laisser plus sereinement glisser vers la face ronflante… Plus trop envie d’envolées pour une dérisoire empreinte. Que les humaindiatisés s’en fassent leur gloriole, rien de plus naturel. Pour un néant anonyme comme moi, quelle inconséquence serait, à trente-cinq ans, de croire encore à un quelconque moulin salvateur. Reste la petite musique d’une vie simple à entretenir au gré des coups d’encre, sans plus d’importance.
Dans l’alentour amical et affectif, quelques chamboulements sentimentaux : la sœur de BB a déniché son galant, Bonny a découvert une infidélité grave d’Eddy, le copain de Liselle vient d’être licencié de chez Kodak pour faute grave, ce qui n’arrange pas leur situation inextricable, Aurélie n’aurait plus son amour allemand…
L’élection américaine captive bien les médias français plus ou moins caricaturaux dans la présentation du très détesté président sortant… Bonne nuit les petits…

Dimanche 15 novembre
Familles en travaux pour notre passage vers Big Lutèce. Maman et Jean ont découvert des défauts de poutres sur un des côtés de la maison et l’impossible utilisation de la cheminée par souci de sécurité. Même sans bois dans l’âtre, l’accueil s’avère toujours aussi chaleureux.


Pour ce dimanche, découverte des gigantesques travaux en cours pour l’extension et la surélévation de la maisonnette de Rueil. A terme, pour papa et sa troupe familiale, de l’espace et des volumes qui transfigureront les conditions de vie : un vrai second étage avec deux chambres, une salle de jeux, une douche et des toilettes ; au premier, une salle à vivre étendue, tout comme la cuisine qui s’ouvrira sur une terrasse. Bon, mais bref moment passé en leur compagnie.
Ce soir, nous retrouverons la famille B. au complet, compagne et compagnon des frère et sœur inclus.
Les mois passent et notre douce vie partagée prend ses marques, ses réflexes, le pli d’une sérénité modeste mais constructive. Qu’un petit larron s’annonce et le bouleversement m’inclinera peut-être à un suivi diariste plus fidèle.
Pour Jim et Aurélia la vie partagée semble aussi approfondir la complicité. Bruce, lui, dont nous avons eu quelques nouvelles par papa, seul à la voir (le brother a bien le sens du paradoxe décennal), envisagerait de se marier avec sa copine américaine.

Mardi 16 novembre
Les derniers événements proches orientaux, de l’Irak à la Palestine, ne laissent pas grand espoir pour une sortie des bourbiers respectifs. Un triangle sunnite aux pointes hérissées, mais en cours d’écrasement par les forces américaines ; un personnage à l’envergure historique incontestable, mais à la capacité d’action atrophiée.

30 novembre
Première vraie altercation avec un stagiaire de Cqfd. Une espèce de tête à claques qui n’obtempère pas à mes demandes d’ôter sa capuche en cours. Un vrai connard à étriper qui s’ose à me tutoyer dans son délire de con… mais il faut garder son calme.
Si la plupart de ces auditeurs ont bon fond, quelques fientes de cette espèce vous donnent la nausée. Ce niveau trop ras des pâquerettes n’est décidément pas ma tasse de thé.

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